Biographie
Ricardo Cavallo
Peintre, dessinateur, sculpteur franco-argentin.
Ricardo Cavallo naît en 1954 en Argentine. Enfant, il dessine les animaux qui le captivent dans la pampa. À l’âge de quinze ans, il fréquente la Communauté de l’Arche, et rencontre Lanza del Vasto.
À l’issue d’une année passée à l’école vétérinaire de Buenos Aires, il décide de se consacrer entièrement à l’art et arrive à Paris en 1976. L’année suivante, il entre à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier du peintre abstrait Gustave Singier.
Il médite l’histoire de l’art, va régulièrement au Louvre et se rend au Musée d’Histoire Naturelle pour étudier la morphologie. L’étude de la structure des formes entraîne alors son projet d’« inventer une nouvelle langue à partir des maîtres. »
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Durant la décennie des années 1980, sa rencontre décisive avec Karl Flinker en 1983 le professionnalise. Elle lui permet de poser les fondements de son œuvre future dans ses ateliers de Neuilly (deux chambres séparées sous les toits) : un observatoire pour lui. Il ne veut pas les quitter quand on lui propose un plus grand atelier. Là, il consigne à l’encre de Chine sur trente-sept cahiers un travail d’ « imagination active » inspiré par la méthode de Carl Gustav Jung où il développe une « cosmographie » tandis qu’il peint et pratique aussi le modelage. Conjointement, en peinture, il met au point sa « méthode des plaques » qui consiste à fragmenter son tableau, en unités à peindre, une à une sur le motif, qu’il assemble ensuite à l’atelier. Il peut réaliser grâce à elle sa première vue panoramique à partir des toits de ses deux ateliers : La Ville (1987). Plus tard, avec cette technique novatrice, il parvient à créer une composition contenant un espace à 360° s’étendant sur plus de neuf mètres Systole et Diastole 360° (2010 et 2012).
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Toujours plus engagé à l’aube de la décennie des années 1990, Jean Clair en 1991 le choisit pour représenter la France à l’exposition Jeune peinture en Europe organisée par le musée Contemporain et d’Art Moderne de Trento en Italie. À l’atelier, il entame d’après modèle une étude sur le corps agrégé à l’espace et corrélé à sa mythologie foisonnante : Amazone (1993) et La Géante (1994). A l’issue de ce travail, il quitte l’atelier pour quotidiennement peindre au Bois de Boulogne sur le motif et réalise Le Hêtre Pourpre du Pré Catelan (1999) une œuvre qui mesure trois mètres sur trois. Le style de Ricardo Cavallo se caractérise par une prolifération formelle et une monumentalité marquante qui donnent à voir en peinture une réalité augmentée. Son œuvre a atteint sa première maturité.
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Les années 2000 sont marquées par la découverte en Bretagne d’un paysage marin Atlantico-Celte vierge de constructions qui le fascine. Il décide de quitter Paris pour s’installer dans le Finistère à Saint-Jean-du-Doigt et se met à explorer diverses faces développées de l’immense baie longée par le GR 34 : « [ce lieu] est devenu comme mon laboratoire où je trouve les lumières, les masses, les profondeurs toujours changeantes qui élaborent mon œuvre dans un mouvement de va-et-vient constant.(1) »
Journellement au rythme des marées, il peint par tous les temps, à même la roche de granite rose et rouge ou dans l’eau, adossé à la pierre plutonique du gabbro contenant des métaux comme le cobalt, l’argent, l’or, le nickel qui réfractent une lumière bariolée.
Son immersion physique dans la nature est une performance et la condition qui lui permet de capter avec ses pinceaux tous ces phénomènes optiques. L’« observation active » quasi scientifique qu’il pratique de point de vue en point de vue dans le paysage arpenté à pieds, allié à son traitement de la couleur l’amène à faire advenir des formes mythiques criblant un récit pictural fidèle à la réalité ; La reine des serpents II, (2021), Tombeau d’Achille II ( 2017) ou Grotte ( 2022) en témoignent. Depuis l’origine, les cycles et séries de Ricardo Cavallo affirment une expérimentation par les sens des forces spectaculaires, mystérieuses et vivantes du cosmos.
Actuellement, sa pratique d’« imagination active » à l’atelier se poursuit à travers des gouaches de grands formats, comme elle se recentre sur celle du corps humain chevillée à son observation dans le réel.
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En 2007, il fonde l’école de Bleimor à Saint-Jean-du-Doigt jouxtant sa maison-atelier, pour transmettre ses valeurs et sa vision de l’art.
En 2016, le Musée de Morlaix lui consacre une exposition aux Jacobins tandis qu’il expose en France et à l’étranger dans des galeries et que ses œuvres sont conservées dans des collections publiques et privées.
Un film de Barbet Shroeder documente son œuvre Ricardo et la peinture est sorti en salles en novembre 2023.
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1. Entretien avec Ricardo Cavallo Freddy Denaës et Gaël Teicher, Septembre 2013.
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Caroline Benzaria